Stop au "cédez le passage des cyclistes" au feu rouge


Le "cédez le passage cycliste au feu rouge",  un piége pour les piétons par cette règle de signalisation introduite dans le Code de la route en 2010 et qui tend à se généraliser dans la plupart des villes développant un réseau cyclable. La généralisation de cette règle n’est pas sans poser problème pour la sécurité des piétons.

Moyennant la mise en place d’un panonceau dit M12 placé sous le feu tricolore, la règle autorise les cyclistes de franchir le feu rouge sans marquer l’arrêt sous réserve de céder le passage à tous les usagers, en particulier les piétons, bénéficiant de la figurine "péton" « verte ». Dans un premier temps, seuls les mouvements de tourne-à-droite des vélos ont été autorisés par les villes puis se faisant, les mouvements directs dans les carrefours en T ont été autorisés.

Qu’observe-t-on dans les villes autorisant « le cédez le passage cycliste au feu rouge" ?

Avant cette mesure, certains cyclistes, les plus confirmés, s’autorisaient à ne pas respecter l’arrêt au feu rouge .  S’arrêter pour un cycliste est vécu comme une contrainte. Tout arrêt nécessite un effort pour un cycliste pour redémarrer. C’est donc pour des questions de confort que les associations cyclistes ont demandé et obtenu cette dérogation au Code de la Route.

A l’usage, on observe que les cyclistes confirmés ne s’arrêtent plus aux feux munis de ce panonceau, ni ne ralentissent, quand bien même la présence de piétons traversant la chaussée avec sa figurine piéton verte. A l’usage, on remarque également que ces cyclistes sur les feux non équipés de ce panonceau se sentent légiimes à le franchir.

Ce faisant, ces cyclistes confirmés prennent  cette dérogation comme un droit qui doit être compris par les automobilistes et respecté (d'où le terme ambigu de "cédez le passage cycliste au feu") mais également compris par les piétons. Le passage d'une pratique tolérée à un droit érigé dans le Code de la route conduit également à des comportements plus risqués de la part des cyclistes qui ne respectent que rarement la priorité de traverser des piétons.

Quant aux cyclistes inexpérimentés, ils marquent encore un temps d’arrêt mais très vite ils emboitent le pas aux cyclistes habitués à cette signalisation.

Au final, le piéton est ainsi le grand perdant de cette mesure de confort pour le cycliste dont profitent également les trottinettistes.

Que dit la réglementation ?

Le Code de la route ne mentionne pas le terme "cédez le passage cycliste au feu". Ce terme a été introduit par les associations cyclistes. Il est dommage que le CEREMA le reprenne dans sa documentation technique.

Ce terme est inapproprié puisque il peut être compris comme une obligation pour les autres véhicules de céder le passage aux cyclistes lorsque ces derniers franchissent un feu tricolore. En réalité comme l'indique l'instruction interministérielle sur la signalisation, le terme exacte et plus juste est : autorisation conditionnelle de franchissement d'un feu par les cyclistes lorsqu'il est rouge.

Ce terme "autorisation conditionnelle de franchissement d'un feu par les cyclistes" est à rappeler systématiquement aux collectivités et bien sûr aux cyclistes.

La décision de donner une telle autorisation revient à l'autorité de police de la circulation, c'est à dire, en agglomération, au Maire. Cette décision nécessite un arrêté dûment motivé, sachant que la réglementation sur la signalisation stipule que cette autorisation doit  être réservée aux carrefours que si le mouvement des cyclistes autorisé n'est que faiblement conflictuel avec les piétons et compatible avec les conditions de visibilité offertes.


En conséquence, l’association demande que  les municipalités respectent tout simplement la réglementation, ce qui revient à utiliser cette autorisation parcimonieusement  et donc à surtout pas la généraliser. C'est au cas par cas que la décision doit se prendre, en concertation avec les représentants des usagers piétons et cyclistes.

Il n’appartient pas à 60 millions de piétons de remettre en cause une mesure réglementaire bien que l’association constate que cette pratique n’est pas utilisée dans des pays faisant référence en matière cyclable. Ainsi aux Pays-Bas,  les cyclistes bénéficient d’un feu tricolore spécifique qu’ils ne peuvent franchir que lorsque  le feu est au vert. Dans cette phase verte, les cyclistes sont protégés des autres mouvements de circulation.

Pour des questions économiques, la France a adopté une solution « low-cost ». Pour autant la réglementation permettant cette mesure est encadrée et ne peut donc être généralisée à tous les carrefours à feu.

C’est pourquoi l’association demande :

  1. Que le terme « autorisation conditionnelle de franchir un feu rouge par les cyclistes soit systématiquement utilisé en lieu et place du terme « cédez le passage aux cyclistes au feu rouge"
  2. Que la solution d’un feu dédié aux cyclistes avec une phase spécifique soit  étudiée lorsque le trafic cycliste justifie un aménagement du franchissement d’un carrefour à feu
  3. Que la solution de l’autorisation conditionnelle de franchissement soit étudiée au cas par cas sans être généralisée
  4. Que la solution ne soit pas être retenue en cas de conflits potentiellement fréquents avec les piétons et qu’au bénéfice du doute, la sécurité du piéton prévaut sur le confort des cyclistes.
  5. Que le maire  motive son arrêté

Sur ce dernier point, face à une municipalité qui généraliserait cette règle à tort, nous invitons les représentants piétons à écrire officiellement (par LRAR) au maire, signataire de l'arrêté pour l'alerter qu’il engage sa responsabilité en cas d'accident d'un piéton ou d'un cycliste en preant une décision non conforme à la réglementation.

Rédaction le 29 janvier 2023

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