Pourquoi 30km/h sans trottoir ?


Parmi les 38 mesures annoncées lors du dernier CISR, la mesure 14 vise à rendre obligatoire le 30 km/h en ville dans les rues sans trottoir ou avec trottoir ne répondant pas aux exigences réglementaires. Il s'agit de la seule réelle mesure en faveur de la sécurité des piétons. Pourquoi le CISR n'a-t-il pas d'abord entériné la recommandation du dernier CNSR de novembre demandant l'introduction du « terme » trottoir dans le Code de la Route pour en faire un espace réellement protégé des véhicules ? Car curieusement, le trottoir n'est pas défini dans notre Code.
L'autre mesure logique eut été de généraliser le 30 km/h dans toutes les agglomérations au lieu de laisser actuellement le libre arbitre aux Maires. Qui sait maintenant quelle est la limitation de la vitesse dans sa commune et dans celle que l’on traverse ? L’Espagne l’a bien compris. C’est la règle depuis 2020 avec une baisse probante de l’accidentalité enregistrée dans ce pays.
D'ailleurs, le CISR argumente dans son dossier de presse sur le fait qu’en agglomération, la vitesse des véhicules motorisés est un des facteurs principaux intervenant dans les scénarios d’accident graves et mortels impliquant un piéton. Il précise qu’il a été montré que l’abaissement de 50 à 30 km/h réduit fortement le risque de décès des piétons.
Alors pourquoi cette mesure alambiquée sachant que les situations où le piéton est contraint de marcher sur la chaussée en se mettant en danger sont majoritairement les situations avec des trottoirs obstrués par des obstacles en tout genre (véhicules en stationnement,poubelles, mobilier urbain, chantiers).
Les trottoirs pas assez larges (moins d'1m40), norme obligatoire pour les cheminements piétons, constituent un handicap pour les personnes à mobilité réduite mais dans ce cas, ces personnes ne marchent pas sur la chaussée, elles font demi-tour. Plus d’un tiers du linéaire des trottoirs dans nos villes sont trop étroits. La mesure 14 ne va pas résoudre tous ces soucis. Les solutions existent. Il faut que les villes les mettent en œuvre.
Les rares situations où le trottoir n’existe pas ou quasi pas concernent de nombreux lotissements. La zone de rencontre limitée à 20 km/h où le piéton est autorisé à marcher sur la chaussée est la solution la plus adapté. Le principe d’aménagement d’une zone de rencontre est d'ailleurs de supprimer le trottoir. Comprenne qui pourra ! 
Autre situation,les entrées d’agglomération, principalement les entrées de villages. Une réduction à 30km/h suivie ensuite d’un 50 dès l’apparition d’un trottoir parait incongrue. La solution est d’implanter le panneau d’entrée d’agglomération au bon endroit, préconisation qui date de 1990 toujours pas appliquée, et la réalisation d’un aménagement « ralentisseurs » pour déjà amener les véhicules à moins de 50 km/h et de rendre marchable l’accotement pour le moins jusqu’au début du trottoir.
En résumé, une mesure en faveur des piétons qui aura aucun effet sauf pour la rendre applicable la généraliser. 

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