La Sécurité Routière protège-t-elle le piéton ?


Il est permis d'en douter. En 2022, 484 piétons ont été tués et plus de 17 000 ont été blessés dont 2 000 très gravement. Toutes les deux heures, un piéton finira sa journée à l’hôpital.
Il ne fait pas bon marcher au bord des routes lorsque l’on est marcheur. Il ne fait pas bon utiliser les passages piétons que l’on croit protégé, sans précaution. Même les trottoirs ne sont plus des refuges pour les piétons. Tels sont les enseignements de l’accidentalité piétonne.
Force est de constater qu’aucune mesure majeure n’a été prise lors du dernier Comité interministériel de la sécurité routière le 17 juillet 2023 sous la présidence de la Première ministre, permettant d’espérer une baisse significative de l'accidentalité piétonne. (voir le dossier de presse)
La mesure la plus propice eut été la généralisation du 30 km/h sur tout le territoire comme récemment en Espagne qui connait des résultats favorables pour les piétons, mais aussi pour les cyclistes.
Difficile dans ces conditions de comprendre la mesure qui vise seulement à réduire cette vitesse à 30 km/h en l’absence de trottoir (mesure 10). C’est implicitement admettre qu’il est possible d’avoir des rues sans trottoir et de ne pas chercher une solution pour y remédier, notamment par les plans locaux d’urbanisme. D’ailleurs, le CISR oublie de définir le trottoir alors que le Conseil national de la sécurité routière lui recommandait d’introduire sa définition dans le Code de la route.
Plus inquiétant, est la mesure 17 qui vise à exempter de la perte d’un point sur le permis de conduire les petits excès de vitesse inférieurs à 5km/h. Cette mesure s’appliquera en effet aussi en agglomération. Elle introduit de fait une tolérance de rouler jusqu’à 60 km/h. C’est méconnaitre que la très grande majorité des accidents frappant un piéton se produise à cause d’une vitesse au-delà de 50 km/h à l’approche des passages piétons.

L’association « 60 Millions de Piétons » estime qu’il est possible de réduire le bilan des victimes piétonnes de moitié, en prenant les cinq mesures suivantes. Ces mesures avaient été présentées à la délégation à la sécurité routière sans convaincre pour l’instant, à savoir :
1:  La généralisation de la vitesse maximale en ville à 30 km/h (sauf les grands axes à deux fois deux voies restant à 50)
2: L’obligation d’un contrôle obligatoire et indépendant de la signalisation routière concernant les passages piétons et les feux de signalisation
3: L’obligation de réaliser un audit de sécurité routière dès la survenue d’un accident avec un piéton par des auditeurs qualifiés en sécurité routière afin de mettre en œuvre des mesures pour qu’il ne se reproduise plus.  
4: La création d’un module de sensibilité et d’information des conducteurs de tout véhicule sur l’insécurité du piéton et sur les règles du Code de la Route en faveur du piéton.
5: La révision du Code de la route pour qu’il soit un Code de la Route et de la Rue, adapté la mobilité piétonne.

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