La mobilité piétonne, la mobilité la plus décarbonée


Décarboner les mobilités est le défi des politiques publiques des mobilités des années futures. La stratégie nationale actuelle est muette quant à la vertu de la mobilité piétonne en matière de décarbonation. Cette vertu ajoute aux autres vertus de cette mobilité (sociales, économiques, santé, ...) dont aucune autre ne bénéficie.

La priorité gouvernementale affichée est de favoriser le transfert modal de la mobilité automobile vers la mobilité cyclable. L’objectif est de faire baisser de 10 points la part de l’automobile et d’augmenter la part modale du vélo de 3 à 9 % sur cinq ans. Certes, l’objectif est louable mais pourquoi encore avoir oublié la mobilité piétonne, alors que 53% des déplacements de moins de 2 km se font en voiture alors qu'il sera facile de les faire à pied ?

Visiblement, culturellement, il y aurait une préférence à encourager les mobilités véhiculées, à savoir le vélo et les micromobiités. En conséquence, nous pouvons constater une tendance à la baisse de la mobilité piétonne. Ce n'est guère étonnant si l’on regarde l'état attristant de la marchabilité de nos villes comme en témoignent les résultats du  premier baromètre des villes marchables que "60 Millions de Piétons" a copiloté avec la Fédération française de randonnée pedestre et l'association "Rue de l'avenir'.

Si la mobilité piétonne subit la concurrence du vélo et des micromobilités qui se vantent d'être la mobilité du dernier kilomètre, force est de constater que le bilan carbone sur les courtes distances est bien à l'avantage de la marche à pied. Certes, le bilan carbone pour la collectivité, d'un km parcouru en vélo est 13 fois inférieur à celui d’une automobile mais celui de la marche à pied est 40 fois inférieur. Il est  ainsi trois inférieur à celui du vélo et cinq fois inférieur au vélo à assistance électrique (VAE) et à la trottinette. (source ADEME).

De surcroît, ces estimations de l’ADEME, ne tiennent pas compte du bilan carbone de la construction des infrastructures et de leur entretien. La construction d’une piste cyclable consomme environ de 100 à 400 tonnes de CO2 au km et son entretien environ 10% par an. Que constate--t-on actuellement sinon la réalisation de km de pistes cyclables en milieu urbain asphaltées, qui, imperméabilisent un peu plus les sols, et qui sont repris le plus souvent sur l'espace piéton, plutôt que sur les chaussées automobiles !

De ce premier constant, il apparaît clairement que l’enjeu d’une politique publique de la mobilité fondée sur la décarbonation serait d’encourager la mobilité piétonne dans les plans de mobilité et de se fixer un objectif d’augmentation de sa part modale d'actuellement de l'ordre de 25 % à  une  part équivalente à celle de l’augmentation de la part modale du vélo. Des mesures peu coûteuses comme celle d'une signalétique piétonne fléchant les chemins le plus courts et indiquant le temps de parcours inciteraient les citadins à délaisser leur véhicule pour marcher sans avoir besoin de recourir à un autre mode de déplacement. Encourager la marche à pied, c'est aussi soulager les transports en commun, plus accueillant pour favoriser le report modal du transport individuel vers le transport collectif.

Au final, en faisant un bilan macroéconomique entre la mobilité piétonne et la mobilité cyclable sur des courtes distances, on s'apercevrait que le vélo est un véhicule comme les autres impliquant des coûts inhérents à la construction et à l'entretien d'aménagements cyclables, à l'achat et à l'entretien du véhicule. Par ailleurs l'accidentalité impliquant un vélo pourrait rapidement dépassée celle des piétons et s'approchait de celle impliquant les automobilites.

L’association « 60 Millions de Piétons » reconnait volontiers que le vélo est une réponse individuelle à la recherche d'une décarbonation des mobilités. Pour autant, l'erreur serait de tout miser sur cette mobilité. Ce ne serait jamais que reproduire les mêmes schémas qui nous ont conduit à tout miser sur l'automobile dans les années 1970 avec le résultat que l'on connait maintenant.

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