Éclairer les trottoirs et les passages piétons
Le plan de sobriété énergétique présenté par le gouvernement en ce mois d’octobre 2022 recommande d’éteindre l’éclairage public pendant la nuit ou de réduire l’intensité lumineuse et de passer aux LED.
Selon le gouvernement, cette recommandation a du sens si l’on considère que l’éclairage public serait le deuxième poste de consommation d’énergie des communes après les bâtiments et représenterait 31% des dépenses d’électricité.
Si un certain nombre de municipalités suivent déjà cette recommandation avec une extinction entre 00h00 et 06h00, d’autres hésitent à une extinction totale et envisagent de maintenir un éclairage réduit.
Pour « 60 Millions de Piétons », éteindre l’éclairage des chaussées demande un minimum de précaution. Il faut avoir présent à l'esprit que le marqage au sol en milieu urbain n'a pas obligation d'être rétro réfléchissant comme en rase campage, en particulier les passages piétons. Eteindre l'éclairage, c'est un peu éteindre la visibilité du marquage au sol dans nos villes et villages avec un risque d'accident accru.
De surcroît, pour la sécurité des piétons, il est impératif de maintenir l'éclairage additionnel des passages piétons lorsqu'il existe mais aussi de maintenir éclairer les trottoirs si ces derniers le sont.
Cette précaution pourrait ne pas suffire. La bordure de trottoir joue un rôle de repérage important pour le guidage des véhicules et la détection de la présence d'un trottoir et donc de piéton. Or, en l'absence d'éclairage, ces bordures sont difficilement visibles et détectables. Elles n'ont aucune propriété rétro réfléchissante comme l'est le marquage des accotements en rase campagne.
Dans ce plan, force est de constater que « 60 Millions de piétons » n’a trouvé aucune réflexion sur l’utilité de l’éclairage public. L’éclairage public doit apporter en priorité la sécurité aux piétons qui sont dépourvus d’éclairage à la différence des véhicules qui circulent sur la chaussée.
L’éclairage des cheminements piétons, du trottoir au passage piéton en passant par la bordure de trottoir, a pour but de diminuer :
- le risque de chute pour les piétons, résultant d’un défaut du revêtement du trottoir (planéité, glissance, ..)
- Les risques d’accident résultant d’abords des passages piétons insuffisamment éclairés
- Les risques d’agression.
Nos rues ont pendant longtemps été éclairées par des « becs de gaz » accrochés aux façades des immeubles. On peut alors se demander pourquoi les lampadaires qui éclairaient nos trottoirs ont été abandonné pour d’immenses candélabres énergivores au profit de la circulation automobile. Il suffit de lever les yeux pour faire ce constat : l’éclairage public éclaire les chaussées et n’éclaire que rarement ou faiblement les trottoirs et leurs bordures.
Les véhicules étant maintenant dotés d’un éclairage performant, les conducteurs ont aussi besoin de de mieux percevoir les piétons. Pour cela, c’est aussi aux piétons d’être rendus visibles, de mieux voir les véhicules et de mieux voire où ils mettent les pieds. Les piétons doivent toujours être en contraste positif pour être vus
Il est temps de changer les pratiques dans les projets d’éclairage public pour une meilleure sécurité des piétons en éclairant les trottoirs et les passages piétons.
Rappelons que l’éclairage public est de la compétence du Maire au titre de son pouvoir de police générale. Le maire est tenu d’assurer le bon ordre, la sûreté, la sécurité et la salubrité publiques, ce qui comprend notamment l’éclairage des voies et des places publiques. Ainsi, le choix des emplacements d’éclairage public relève du maire.
La responsabilité du Maire peut donc être engagée en cas d’accident si un lien de causalité entre l’absence ou la diminution de l’éclairage et le dommage qui résulte de l’accident. Cette responsabilité d’ordre pénale intervient si le maire n’a pas accompli les diligences normales compte tenu du pouvoir et des moyens dont il dispose.
La responsabilité civile de la commune intervient assez couramment pour défaut d’entretien de l’ouvrage public. Dans ce cas, il revient à la commune à prouver qu’elle a entretenu normalement le trottoir et que toutes les diligences ont été accomplies afin d’assurer son entretien et son bon fonctionnement. Il n’est donc pas exclu que l’absence d’éclairage ou le fait d’avoir éteint ou réduit l’éclairage des trottoirs engage la responsabilité de la commune.
A un moment où le pays passe à l’heure d’hiver, il convient aussi d’avoir à l’esprit que la période qui suit met davantage en danger le piéton. 30% de la mortalité piétonne survient en novembre, décembre et janvier.
Pour les collectivités locales, outre la généralisation des marquages rétroréffléchissants qui compenserait la perte de visibilité des passages piétons lrosque l'éclairage publci est éteint, la détection de présence est également à développer pour éclairer utilement les trottoirs.
Par ailleurs, l’association recommande vivement aux piétons de porter des vêtements le plus clairs possible, ce qui ne va pas dans le sens des pratiques vestimentaires en hiver. Elle recommande de se munir de bracelets rétroréfléchissants. Pour les enfants, des bandes de ce type peuvent être collées sur les cartables. En la matière, une campagne d'information serait utile, pouvant inciter les fabricants à proposer des vêtements moins sombres et donc davantage visibles la nuit.